Téléchargez l’étude complète à la fin de l’article En 2024, La filière laitière française continue de naviguer dans un contexte difficile. Malgré le léger rebond de la collecte sur les 10 premiers mois de l’année 2024, la baisse structurelle de la production laitière devrait se poursuivre, notamment avec la baisse du nombre d’éleveurs. Par ailleurs, le secteur continue de faire face à des perturbations économiques, notamment liées à l’inflation, aux coûts de production, et à la transformation des modes de consommation. L’enjeu environnemental devient également prépondérant avec une pression accrue sur la décarbonation du secteur laitier et des élevages plus particulièrement.
La collecte laitière et les prix du lait en 2024
Collecte française et européenne : un léger rebond de courte durée ?
En France, après trois années de repli, la collecte a repris avec une hausse de +1% à fin octobre 2024, particulièrement dans le Grand Est (+5%) et les Pays-de-la-Loire (+2,7%). Ce rebond est dû à des conditions climatiques favorables, à une réduction des coûts de production et à une meilleure qualité des fourrages en 2023. La croissance de la production devrait être de courte durée avec la baisse du nombre d’éleveurs qui se poursuit.
Prix du lait en France : une baisse relative
Le prix du lait s’est réduit de 3% à 436 €/ 1000L sur 7 mois en 2024. Il est toutefois resté moins volatile que dans d’autres pays européens. L’écart entre les prix français et allemand s’est creusé en 2024, atteignant -16 €/1000 litres au milieu de l’année, contre -8 € en 2023. Les récents cours du beurre industriel (près de 8000 € début octobre 2024) devraient tirer les prix du lait payés aux producteurs qui redeviennent supérieurs à leur niveau de 2023 à partir du mois d’aout 2024. Début 2025, le seul facteur qui pourrait continuer à tendre les prix serait une baisse de la collecte, dans une période où la demande des consommateurs peut également faiblir.
Consommation en PGC : une légère hausse depuis le début de l’année 2024
La tendance en France est à la hausse de la consommation de 1% en équivalent lait depuis janvier 2024. La demande sur la crème, les fromages en libre-service et les produits laitiers ultra-frais se tient bien. La tendance baissière de la demande sur le lait liquide est hélas toujours d’actualité et devrait se poursuivre en 2025
Les performances des entreprises laitières en 2024
Les leaders mondiaux du secteur
En 2024, Lactalis conserve sa place de leader mondial, dépassant pour la première fois les 30 milliards de dollars de revenus. Nestlé reste en deuxième position, tandis que le groupe mexicain Lala fait son entrée dans le Top 20, porté par une forte croissance organique. Les coopératives européennes comme FrieslandCampina et Arla Foods ont vu leurs marges progresser, malgré une baisse des revenus liée à la chute des prix du lait.
2.2. Groupes français : un ralentissement de la croissance
En 2023, les leaders français du secteur laitier ont enregistré une croissance organique positive, bien que ralentie par rapport à 2022, une année marquée par des effets prix particulièrement favorables. Au 1er semestre 2024, les croissances des chiffres d’affaires ralentissent davantage, et les marges des principaux acteurs privés montrent des tendances divergentes : si Danone voit sa marge légèrement reculer, Savencia et Bel affichent une amélioration de leur marge.
Les enjeux et perspectives du secteur en 2024 et 2025
Un marché végétal en reprise
Après trois ans de baisse, le marché des produits végétaux a repris sa croissance en 2024, notamment dans le secteur de l’ultra-frais. Les MDD (marques de distributeurs) continuent de dominer ce marché, au détriment des marques nationales. L’évolution des habitudes de consommation, de plus en plus tournée vers des alternatives végétales ne semble donc pas mise en cause.
3.2. Défis environnementaux et décarbonation
La nouvelle directive européenne CSRD impose aux entreprises de renforcer leur reporting environnemental, notamment en intégrant des pratiques plus durables au sein de leur chaîne d’approvisionnement. La décarbonation reste donc un enjeu majeur pour le secteur, avec près de 80% des émissions de gaz à effet de serre provenant de l’élevage.
Une question demeure sans réponse claire : qui doit supporter le coût de la décarbonation du secteur ? Le Danemark y répond en partie en créant une taxe carbone sur le bétail qui s’élèvera à 16€/t de CO2 en 2030 et montera à 40 € en 2035. Les sommes recueillies reviendront au secteur agricole pour financer sa transition.
3.3. Une accélération des restructurations qui peut impacter l’emploi
Depuis 2020, la quasi-totalité des groupes industriels du secteur laitier a lancé des projets de restructuration en réponse à plusieurs facteurs (nouvelles habitudes de consommation, inflation des coûts de production…). Ces évolutions impactent directement la filière, obligeant les entreprises à adapter leurs stratégies pour rester compétitives et durables face aux défis économiques et environnementaux.
Notons, par ailleurs, le rapprochement prévu entre Friesland Campina et Milcobel, sous réserve des approbations nécessaires, pour créer une coopérative regroupant 16 000 producteurs, 10 milliards de litres de lait et 14 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Ce rapprochement vise à renforcer leur compétitivité grâce à des économies d’échelle et une meilleure efficacité. Si aucune fermeture de site n’est prévue, la volonté des dirigeants d’attirer de nouveaux producteurs, notamment dans le nord de la France, pourrait fragiliser les approvisionnements des industriels français et donc à long terme, l’emploi.
Conclusion : des perspectives incertaines pour 2025
Si 2024 a été marquée par une légère reprise de la collecte et des adaptations stratégiques au sein des entreprises, les perspectives pour 2025 s’annoncent plus incertaines. La consommation reste fragile, notamment pour le lait bio, et la montée en puissance des MDD pose des défis en termes de valorisation des produits laitiers. Enfin, la décarbonation s’impose comme un impératif pour la filière, nécessitant des investissements significatifs pour maintenir la compétitivité à long terme.
Ces défis seront déterminants pour l’avenir du secteur, et les choix stratégiques des entreprises pourraient redéfinir les contours de la filière laitière dans un environnement de plus en plus compétitif et contraignant.
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