Salaires, revenus, n’est-il pas temps d’y réfléchir autrement ? Travaillons moins pour gagner plus et vivre mieux… Pour modifier les termes du débat, des acteurs et militants économiques, sociaux et syndicaux lancent une initiative citoyenne européenne. Objectif : réunir, avant le 23 janvier 2014, un million de signatures pour obliger les instances européennes à examiner un projet d’instauration d’un revenu inconditionnel de base qui permettrait de répondre « oui » à cette question.
Depuis (au moins) cent ans, les immenses gains de productivité à l’échelle mondiale profitent peu ou pas à la vaste majorité des citoyens. Les écarts se creusent entre riches et pauvres, le chômage et la pauvreté augmentent.
La croissance économique diminue faute de consommateurs ayant un pouvoir d’achat et de produits répondant à leurs préoccupations en termes de qualité, d’utilité et de respect de l’environnement.
Le sens de l’économie est de libérer les hommes du travail en développant une société de qualité supérieure. Mais cette notion est en contradiction avec la valeur travail, devenue une fin et non un moyen. On a dépassé le pic du travail rémunéré (le plein emploi que certains appellent toujours de leurs vœux) comme on a dépassé le pic de la consommation des ressources naturelles, comme le pétrole, sans se soucier de leur remplacement.
Les services pourraient fournir du travail à la place des industries traditionnelles. Mais là où on peut concentrer, automatiser et rationaliser la production, les prix diminuent alors que le coût du travail humain reste cher.
Pourtant, l’économie dépend des revenus du travail. Il est estimé que sur 10 européens, 4 perçoivent des revenus du travail, 1 perçoit des allocations chômage, 2 sont retraités et 3 sont des enfants ou jeunes dépendant de leurs familles. 6 personnes sur 10 dépendent déjà des transferts financiers et des allocations conditionnelles issues du travail des 4 autres.
Les efforts politiques de répartir les revenus du travail sont dépassés ; temps partiel, 35h, heures sup défiscalisées, sécurisation des parcours, emplois subventionnés… toutes les mesures visant à partager le travail sont inefficaces. Parallèlement, la démocratie dans l’entreprise, malgré, là aussi, les efforts politiques, est inexistante pour la simple raison que la possibilité de refuser est une condition absolue de la négociation. Les sondages indiquent que moins d’un travailleur sur 4 se plaît dans son emploi (en Allemagne, ce chiffre tombe à 12%, soit 1 sur 8 !)
A partir de ces raisonnements et bien d’autres, les auteurs de cette Initiative Citoyenne Européenne (ICE) proposent de remplacer toutes les allocations conditionnelles actuelles ainsi qu’une partie des revenus du travail, par un revenu universel de base, octroyée à chaque citoyen européen. Son montant serait suffisant pour que personne ne sombre dans la pauvreté, dont le seuil en France est estimé à 950 €.
Ainsi chaque citoyen pourrait vivre dignement, effectuant en sécurité, ses propres choix et son niveau de consommation, à partir de ses désirs et de ses besoins courants, et ce, tout au long de la vie :
- quitter ou rester au foyer parental,
- continuer ses études, changer de filière sans préjudice,
- élever sa famille le temps voulu,
- travailler un nombre d’heures choisi, rémunérées à une valeur déterminée lors d’une négociation loyale, rétablir des rapports d’égal à égal entre employeur et employé,
- quitter/être licencié de son emploi sans craintes,
- ne plus craindre le chômage, suivre des formations quand on veut,
- participer librement à la vie politique, sociale ou associative sans se ruiner…
On peut également voir des avantages côté employeur et côté politique, car la classe ouvrière aurait enfin les moyens de mener campagne et de participer, une fois élu, à sa représentation nationale…
L’objectif de l’ICE est de lancer un débat, et non de fournir des recettes toutes prêtes.
Liens :
Signer l’initiative
(N.B. Il faut montrer patte blanche)