Lors de la Conférence Sociale des 9 et 10 juillet derniers, on a pu entendre de sévères critiques des organisations syndicales françaises jugées peu représentatives par une partie de la classe politique. La raison mise en avant est le rôle assumé par l’État dans les négociations liées à l’emploi, aux conditions de travail et à la couverture sociale. Le syndicalisme en France aurait, dit-on, peu d’adhérents contrairement aux syndicats des pays voisins et ne serait donc pas représentatif des travailleurs, mieux défendus par les hommes politiques.
Lors de la prononciation des résultats des élections législatives, les temps d’antenne consacrés à la parité parmi nos députés se sont limités à l’égalité des sexes à l’Assemblée Nationale. La nouvelle législature se composant de 155 femmes et 422 hommes, les députées occupent environ 1 siège sur 4 à l’hémicycle. Une inégalité flagrante !
Pourtant, d’autres dissemblances dans la représentation politique ont échappé aux débatteurs des plateaux. Notamment, celle des origines socioprofessionnelles. Si les femmes sont sous-représentées à l’hémicycle, que dire des ouvriers et employés ?
La population active compte quelques 22,7 millions de travailleurs (1). Le nombre d’électeurs en 2012 avoisinait les 43 millions de français. Ainsi, les ouvriers et employés représentent plus d’un électeur sur deux (56,4% en de la population active en 2009 selon l’INSEE).
Un regard sur les origines socioprofessionnelles des députés élus lors des élections législatives de 2007 (2) révèle que seulement 1% d’entre eux sont des employés. Les députés d’origine ouvrière ne gagnent pas un point de pourcentage.
En retraçant ces parts à travers l’histoire récente, cette sous représentation est une constante. Les plus fortes présences de députés issus des catégories ouvriers/employés correspondent aux grandes dates de l’histoire sociale.
A la fin d’un quinquennat marqué par une remise en cause, puis d’une réforme, de la représentativité des organisations syndicales, il est également intéressant de comparer le nombre d’adhérents des organisations syndicales à ceux des partis politiques. Dans les deux cas, il s’agit de déclarations, celles des syndicats étant maintenant soumises à un certain contrôle.
Syndicats | Partis | ||
CFDT | 863 674 (2011) | UMP | 260 000 (2011) 177 000 (2010) |
CGT | 681 930 (2011) | PS | 203 000> |
CFTC | 142 000 (2011) | PC | 138 000 |
CFE-CGC | 177 000 (2006) | NPA | 10 500 |
FO | 500 000 | EELV | 9 100 |
PRG | 8 000 |
Les 5 grandes confédérations revendiquent quelques 2,4 millions d’adhérents à comparer à la population active (22,7 millions), ce qui suggère un taux de syndicalisation plus élevé que celui officiellement reconnu. Le taux de participation aux élections professionnelles est en moyenne de 63,8%.
Les 6 partis politiques listées (dont les deux majors) totalisent au mieux, moins de 630 000 adhérents à comparer à 43 millions d’électeurs. Le taux de participation au second tour des législatives 2012 était de 56,3%.
En conclusion, la question historique à savoir si les syndicalistes doivent s’approprier le terrain politique reste d’actualité.
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Notes et sources :
1. Wikipedia : La population active se définit comme l’ensemble des personnes en âge de travailler qui sont disponibles sur le marché du travail, qu’elles aient un emploi (population active occupée) ou qu’elles soient au chômage (population active inoccupée) à l’exclusion de celles ne cherchant pas d’emploi, comme les personnes au foyer, les rentiers. En général, l’âge est fixé entre 15 et 64 ans.
2. Les chiffres 2012 ne sont pas encore disponibles mais ne devraient pas varier.
3. La moyenne d’âge des députés est de 55 ans, seuls 4% ont moins de 40 ans.
4. « Revue politique et parlementaire » n° 1044 – 3ème trimestre 2007
5. « Le vote. Approches sociologiques et des comportements électoraux » – Patrick Lehingue – La Découverte – 2011
6. Observatoire des Inégalités
7. Marianne2