La conjoncture sucrière en 2023
En 2023, la filière sucrière mondiale est marquée par une croissance modérée de la production de sucre brut, amorcée après la pandémie de COVID-19. Les stocks mondiaux se redressent, alimentés notamment par la hausse de la production en Inde et dans l’Union européenne. En effet, l’Inde renforce sa position grâce à l’augmentation des surfaces cultivées et des rendements, et ce, malgré des restrictions sur les exportations en vue de préserver ses stocks internes. A contrario, au Brésil, les fortes précipitations ont freiné sa production, sans toutefois mettre en péril sa place de leader. Quant à la Thaïlande, elle a également vu sa production baisser en raison du phénomène climatique El Niño.
Sur le plan européen, la production sucrière croît légèrement. Les rendements betteraviers s’améliorent, malgré des conditions météorologiques difficiles. La consommation de sucre, en baisse depuis la campagne 2022/2023, reste un facteur à surveiller. En France, la production repart à la hausse, soutenue par de meilleurs rendements, mais les surfaces cultivées continuent de diminuer sous l’effet de l’interdiction des néonicotinoïdes et de la concurrence des cultures alternatives.
En 2023, les cours du sucre raffiné ont atteint des sommets, tirés par des restrictions à l’exportation en Inde. Bien que le prix du sucre raffiné ait baissé début 2024, notamment grâce à une récolte record au Brésil, les tensions géopolitiques et économiques, comme la guerre en Ukraine, contribuent à la volatilité des prix.
Des enjeux environnementaux importants
La filière sucrière fait face à des défis environnementaux majeurs en 2023, exacerbés par des évolutions réglementaires et climatiques. L’interdiction des néonicotinoïdes, utilisée pour protéger les cultures de betteraves contre les pucerons responsables de la jaunisse virale, a eu un impact direct sur les rendements. Cette décision affaiblit la compétitivité de la production française et européenne, entraînant une réduction des surfaces cultivées et une dépendance accrue aux importations de sucre.
Le Green Deal européen, avec ses objectifs ambitieux de réduction des pesticides et des engrais de 50 % et 20 % respectivement d’ici 2030, accentue cette pression. La filière pourrait voir sa production chuter de 20 %, augmentant les coûts et réduisant les revenus des producteurs, tout en soulevant des questions de souveraineté alimentaire dans l’UE. Ces réglementations poussent le secteur à revoir ses pratiques, mais les alternatives aux pesticides et aux engrais restent coûteuses et difficiles à mettre en œuvre.
En parallèle, la décarbonation de l’industrie sucrière est un autre enjeu crucial, notamment à travers la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les sucreries, très énergivores, doivent s’adapter en adoptant des solutions comme la biométhanisation ou l’utilisation de pulpe de betterave pour alimenter les centrales de cogénération. Bien que ces initiatives puissent réduire de 96 % les émissions de CO2 d’ici 2050, les investissements nécessaires sont énormes, estimés à 25 milliards d’euros. Ainsi, les enjeux environnementaux imposent au secteur de profondes mutations qui menacent sa compétitivité à court terme tout en posant des défis stratégiques à long terme.
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