Analyse de la Situation économique de la filière de la Charcuterie en 2023 : Tendances et Perspectives Dans un contexte d’inflation, le recul de la consommation de charcuterie et de viande de porc se poursuit en 2023, à l’exception des quelques catégories de produits les plus économiques qui résistent. On observe un important report de consommation vers des solutions avec des prix plus attractifs. Télécharger l’étude complète à la fin de l’article.
Production porcine mondiale en 2022
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Reprise de la production en Chine
La contraction de la production porcine survenue en 2019 et 2020 a été rapidement résorbée dès 2021, notamment grâce à la recapitalisation du cheptel porcin chinois, sévèrement affecté par la peste porcine. En 2022, la production porcine en Chine a dépassé les niveaux de 2018, avec une reconstitution significative du cheptel et une orientation à la hausse de la production, enregistrant une augmentation de 16,7%.
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Contraste avec la zone UE
En revanche, la production porcine dans la zone UE a marqué le pas avec une baisse de 4,9%. Cette baisse est attribuée à la réduction des cheptels porcins et à la baisse de la demande à l’exportation. La diminution du nombre de truies reproductrices au cours des deux dernières années, conjuguée à une baisse du poids moyen des carcasses, a entraîné une nette baisse des abattages en 2022, chutant de 5,6% à 22,1 millions de tonnes équivalent carcasse (TEC). Cette décroissance est en partie imputable à la persistance de la Peste Porcine Africaine (PPA), particulièrement notable en Europe centrale, notamment en Pologne et dans l’est de l’Allemagne. Même l’Espagne, désormais le premier producteur européen, a vu ses abattages diminuer de 2,2%.
Évolution des coûts et des cours du porc
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Flambée des coûts des matières premières
Une hausse significative des coûts des matières premières, notamment de l’alimentation animale, a été observée à partir de février 2022, ce qui a entraîné une forte augmentation du cours moyen du porc dans l’ensemble des pays européens.
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Augmentation des cours du porc
Contrairement au Brésil, aux États-Unis et au Canada, où les cours du porc sont restés relativement stables, voire en baisse, les cotations européennes ont maintenu des niveaux élevés à la fin de l’année 2022 et ont même augmenté au début de l’année 2023. Cela a conduit à des écarts de prix significatifs par rapport aux concurrents des Amériques. La zone UE continue de ressentir les effets du recul du cheptel et du manque de disponibilité.
Situation spécifique à la France
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Poursuite de la décapitalisation du cheptel
En France, la décapitalisation du cheptel porcin se poursuit, avec une baisse de 2,5%, notamment dans le segment des reproducteurs (-2,5%, soit une diminution de 24 000 truies). Depuis 2012, la filière aurait perdu environ 200 000 truies, soit une baisse de 18%. Bien que partiellement compensée par des gains de productivité, cette tendance à la baisse a également entraîné une diminution totale de 1 million de têtes (-7,4%) pour l’ensemble du cheptel sur la même période.
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Pressions supplémentaires sur les élevages
L’activité porcine en France est également pénalisée par la réduction du nombre d’élevages, enregistrant une baisse de 28% pour les élevages de taille moyenne et grande depuis 2012. Cette tendance est exacerbée par l’alourdissement des coûts de production, notamment ceux liés à l’alimentation et à l’énergie en 2022, qui exercent une pression supplémentaire sur les élevages les moins productifs.
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Tendances des abattages et de la consommation
Malgré une baisse assez marquée des abattages en France (-2,3%), cette diminution est moins prononcée que dans la plupart des autres pays européens. En revanche, la consommation de viande porcine par habitant a de nouveau progressé (+1,6%). De plus, le prix moyen perçu par l’éleveur s’est apprécié à 1,725 €/kg, enregistrant une augmentation significative de 29,5% par rapport à l’année précédente (-3,6% en 2021).
Production et marché de la charcuterie en 2022
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Production et chiffre d’affaires
La production de charcuterie estimée atteint 1,2 million de tonnes en 2022, avec un chiffre d’affaires de la production française s’élevant à 8,27 milliards d’euros, dont 10% réalisés à l’exportation. Les principaux pays de destination des exportations françaises sont la Belgique, le Royaume-Uni et l’Espagne, avec une prédominance des préparations à base de volaille.
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Concentration géographique de l’activité
La fabrication de charcuteries est concentrée géographiquement, principalement dans les grands bassins d’élevage. Le Grand Ouest (Bretagne et Pays de la Loire), abritant plus de la moitié du cheptel national, représente 27,5% des effectifs en 2021. Les régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie se distinguent par un grand nombre d’établissements (environ 12% chacune en 2021), héritage d’une tradition charcutière ancienne. Auvergne-Rhône-Alpes occupe la première place du classement en termes d’effectifs.
Rentabilité et pressions commerciales
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Rentabilité du rayon charcuterie en magasin
La charcuterie est l’un des rayons les plus rentables en magasin, contribuant significativement à la marge nette des distributeurs. Entre 2020 et 2021, la contribution du rayon charcuterie à la marge nette des distributeurs a augmenté de moitié, tandis que le taux de marge du rayon a augmenté de 40%.
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Pressions sur les industriels
Les distributeurs et les pouvoirs publics exercent une pression sur les industriels pour ouvrir de nouvelles négociations commerciales d’ici la fin de l’année 2023, alors que les industriels cherchent à être exemptés. Les marges des industriels se réduisent au profit des distributeurs depuis plusieurs années, et ils sont également confrontés aux défis de l’ensemble de la filière porcine, y compris l’inflation des frais généraux et le renchérissement des prix des pièces suivant les cours du porc.
Tendances de consommation et marché des marques
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Évolution de la consommation et des prix
La consommation de charcuterie des ménages a légèrement diminué en 2022 par rapport à 2021, tandis que les prix des produits charcutiers ont augmenté de manière significative. Cette tendance se poursuit en 2023, avec une baisse continue de la consommation et des prix fortement orientés à la hausse.
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Prédominance des MDD et marché de la salaison
Les marques de distributeur (MDD) dominent largement le marché de la charcuterie LS, bien que deux marques nationales se démarquent. Le marché de la salaison représente 12% du marché de la charcuterie en volume et 19% en valeur, avec un chiffre d’affaires en hausse de 2,2% par rapport à 2021, largement dominé par les MDD en constante progression.
Situation de la filière porc en 2023
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Contraction de l’offre porcine
En 2023, la filière porc entre dans une phase descendante du cycle, marquée par une nette contraction de l’offre observée surtout en début d’année dans tous les bassins de production européens. Cette diminution de l’offre se traduit par une baisse significative des abattages, entraînant des annonces de restructuration dans le secteur.
Évolution de la consommation de charcuterie en 2023
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Recul de la consommation de charcuterie
Après avoir résisté en 2022, la consommation de charcuterie connaît un repli supplémentaire en 2023. Les pressions sur le pouvoir d’achat des consommateurs les poussent à faire des arbitrages défavorables à la charcuterie.
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Impact sur les prix et la valeur de la consommation
Malgré un ralentissement de l’inflation au second semestre, les prix des produits charcutiers demeurent nettement supérieurs à ceux de 2022. Par conséquent, la consommation des ménages en valeur progresse notablement.
Perspectives de la filière charcuterie en 2023
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Croissance du chiffre d’affaires des fabricants de charcuterie
La croissance du chiffre d’affaires des fabricants de charcuterie est stimulée par un effet-prix positif important. Les industriels doivent ajuster leurs tarifs pour refléter la hausse continue des cours du porc tout au long de l’année, ainsi que le maintien à un niveau élevé des prix de l’énergie.
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Contraintes sur la demande
Cependant, malgré cette hausse des prix, la demande demeure faible. La baisse du pouvoir d’achat des ménages limite les achats plaisir en rayon, ce qui représente une contrainte supplémentaire pour les fabricants de charcuterie.
Conclusion
En 2023, la charcuterie et la filière porcine font face à une contraction de la consommation et de l’offre, aggravée par des pressions sur les prix et le pouvoir d’achat des consommateurs. Malgré une hausse des prix, la demande reste faible, tandis que les fabricants doivent s’adapter à des coûts de production croissants. Ces défis économiques nécessitent une adaptation continue des acteurs du secteur pour maintenir leur compétitivité et répondre aux besoins du marché.
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