Téléchargez l’étude complète à la fin de l’article. L’année 2023 a été marquée par une situation économique complexe pour l’industrie laitière, une année ponctuée de défis dus aux effets de l’inflation. Dans ce contexte, les acteurs de la filière laitière ont enregistré des performances mitigées, reflétant les bouleversements qui ont secoué le secteur.
La conjoncture laitière 2023
Elle a été caractérisée par :
- une croissance de la production ralentie chez les principaux exportateurs mondiaux
- la Poursuite de l’érosion de la collecte française en 2023
- un prix du lait Français moins volatile qu’ailleurs et en progression sur 2023
- une baisse des cotations après le pic de 2022
- une consommation affectée par l’inflation depuis 2 ans
- une baisse historique de la collecte Bio française en lien avec la déconsommation
- un recul (en volume) des produits végétaux.
Dans ce contexte, les principaux groupes laitiers mondiaux ont limité la dégradation de leurs performances.
Un repli de la collecte française qui persiste en 2023
Sur les 6 premiers mois 2023, la collecte de lait en France poursuit sa décroissance, atteignant -2,2%. Cette baisse a été particulièrement marquée à partir de mai et sur certaines régions, dont la Bretagne (-3,3%) et les Pays-de-la-Loire (-7,2%). À l’inverse, la Normandie enregistre une hausse de sa collecte à +0,9%. La baisse s’explique par différents facteurs :
- Baisse du cheptel qui s’accentue (-2,3%)
- Baisse du nombre d’exploitations laitières
- Charges dans les élevages particulièrement élevées, en hausse de +25% sur 2 ans (engrais, aliments achetés, énergie, lubrifiants).
La collecte de lait bio, qui avait connu une croissance constante, enregistre pour la première fois une baisse, suivant la tendance de consommation.
Le prix du lait payé aux livreurs français diminue sur le début d’année 2023 (448€/1000 L à fin juillet 2023) mais reste supérieur au prix moyen de 2022. Le prix du lait allemand (458€/1000L), qui a atteint un niveau record l’année dernière, recule et se rapproche du prix du lait français. Contrairement à la France, les prix du lait européen sont, pour la plupart, en diminution par rapport à l’année dernière.
Le prix du lait bio (475€/1000L à fin juillet 2023) augmente moins vite que le conventionnel (448€/1000L) ce qui explique la poursuite de la réduction de l’écart de prix en 2023.
Les performances des entreprises laitières en 2022/2023
Face à la faiblesse de l’euro par rapport au dollar, les entreprises françaises et européennes, bien qu’ayant enregistré une augmentation de leur chiffre d’affaires, perdent des places dans le classement mondial. Ainsi :
- Lactalis demeure leader, accentuant son avance en chiffre d’affaires face à ses rivaux internationaux.
- Danone perd 1 place et se glisse à la 4ème place,
- Savencia recule d’un rang
- et Sodiaal perd trois places.
En revanche, cette dynamique monétaire favorise les firmes américaines et celles ayant une forte présence commerciale aux États-Unis, comme Glanbia qui intègre le top 20.
En 2022, les leaders français du secteur laitier ont connu une croissance organique dynamique. Toutefois, l’inflation généralisée des coûts en 2022 a réduit leurs marges.
Au premier semestre 2023, la croissance organique des acteurs est toujours dynamique, alors que les marges montrent des signes de ralentissement, sauf pour Bel qui voit une augmentation de sa marge opérationnelle courante.
Développement de l’offre végétale
Le marché du végétal, après avoir amorcé un ralentissement en 2021, a continué sur cette trajectoire en 2022 et cette tendance se renforce en 2023 en termes de volume. Toutefois, grâce à une élévation des prix, le secteur a réussi à afficher une croissance en valeur. Le groupe OLGA reste l’acteur prédominant de ce marché, aussi bien en volume qu’en valeur. Cependant, face à l’inflation actuelle, les habitudes des consommateurs sont en constante évolution, redessinant potentiellement le paysage du marché végétal à l’avenir.
De nombreux acteurs perçoivent d’importantes opportunités dans le secteur végétal, introduisant de nouvelles références chaque année. Des entreprises majeures, comme Carrefour, ambitionnent de piloter une transition alimentaire inclusive en collaboration avec d’autres grands acteurs tels que Danone, Bel ou encore Savencia. Cependant, le leader mondial du secteur Lactalis semble se détacher de cette tendance végétale.
Le secteur végétal, qui a émergé en réponse à des préoccupations environnementales, de santé et éthiques, à l’image du bio, va-t-il suivre la même trajectoire ?
Perspectives à court terme de l’industrie laitière
L’un des principaux enjeux des industriels laitiers sera de sécuriser les approvisionnements qui ont tendance à se réduire. Par ailleurs, maximiser la valeur ajoutée pour chaque litre collecté deviendra indispensable. Parmi les principaux enjeux du secteur :
- Le renouvellement des générations pour les éleveurs
- La construction du prix du lait payé aux producteurs : comment prendre en compte le renchérissement des coûts des producteurs dans un contexte de hausse des prix « modérée » pour les consommateurs ?
- La capacité à rééquilibrer l’offre et la demande de produits biologiques
- Faire face à la forte augmentation des coûts de transformation pour les industriels
- Développement des débouchés mieux valorisés à l’export
- La montée des enjeux environnementaux avec le développement de labels dédiés
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