Aujourd’hui, dans le milieu de l’hôtellerie, le nombre de démissions a fortement augmenté. En effet, selon la Dares, l’effectif total est passé de 1 309 000 à 1 072 000 entre février 2020 et février 2021. En d’autres termes, l’effectif dans le milieu de l’hôtellerie-restauration a chuté de 237 000 salariés. Cependant, au cours des deux dernières années, ce nombre était en perpétuelle croissance.
Figure 1 : Evolution du nombre de démissions dans le secteur de l’hôtellerie-restauration entre 2018 et 2021
Des causes explicatives nombreuses
Ce nombre de démissions de plus en plus important est notamment lié à la crise sanitaire. Cette dernière a conduit a eu plusieurs répercussions dans le milieu de l’hôtellerie :
La fermeture des hôtels
Pendant les périodes de confinement, plusieurs hôtels ont été contraints de fermer leurs portes pour des raisons financières. Ces fermetures ont donc directement impacté les salariés des hôtels, et notamment leur motivation. La démotivation et l’éloignement avec les métiers de l’hôtellerie ont débouché sur une perte de l’intérêt pour les métiers de l’hôtellerie. Les contraintes étant relativement importantes (horaires, exigences émotionnelles, rythme de travail…), les salariés de l’hôtellerie ont profité de cette période de crise pour se reconvertir vers des métiers qu’ils jugeaient moins contraignants. De ce fait, de plus en plus de démissions ont pu être enregistrées.
L’imprévisibilité de l’activité
Les métiers de l’hôtellerie sont perpétuellement confrontés à une imprévisibilité de l’activité. Cependant, cette dernière s’est fortement accentuée avec l’apparition de la crise sanitaire. En effet, les réservations de dernière minute se sont démultipliées. De ce fait, le travail dans l’urgence et la précipitation se sont accentués impactant les conditions de travail. Augmentation du risque d’erreur, accentuation du rythme de travail et de la charge de travail, risque de tensions au sein des équipes, perte de sens de son travail… L’ensemble de ces risques a directement touché les salariés de l’hôtellerie. Parmi ceux-ci, nombreux, démotivés, ont fait le choix de quitter ce secteur d’activité.
Le sous-effectif et la surcharge de travail
Aussi, la crise sanitaire a conduit plusieurs hôtels à mettre en place des actions visant à réduire les effectifs (PSE, PDVA…). Cependant, ces mesures ont accentué les contraintes déjà existantes dans ce secteur, notamment le sous-effectif. De ce fait, les salariés restant dans l’organisation récupèrent les tâches des salariés en partance, ce qui entraine une forte surcharge de travail. Ce rythme effréné a de lourds impacts sur la santé physique et mentale des salariés. De ce fait, certains d’entre eux préfèrent démissionner pour se protéger, ce qui accentue à nouveau le sous-effectif au sein de l’organisation.
Agir sur les conditions de travail pour limiter les démissions
Pour limiter le nombre de démissions, il est nécessaire d’agir sur les conditions de travail qui se sont fortement dégradées avec la crise sanitaire. Pour ce faire, la première des actions à réaliser est une évaluation de la charge de travail réelle. Une analyse basée sur une démarche participative, conviant salariés, managers et instances représentatives du personnel pourrait permettre une analyse pertinente et enrichie. En effet, un diagnostic partagé de la réalité des activités permettra d’établir un état des lieux afin de mettre à plat l’ensemble des composantes de l’activité réelle. Cela consiste à :
- Identifier les difficultés, les contraintes, les sources de dysfonctionnements et de tensions qui entravent l’efficacité productive ;
- Valoriser les atouts de chaque service et de leur organisation interne afin de veiller à leur préservation ;
- Mettre en évidence les sources de variabilité inhérentes aux activités et les stratégies de régulation déployées par les salariés pour assurer le déroulement normal et efficace de leur activité ;
- Définir les choix d’organisation s’appuyant sur la réalité de l’activité de travail intégrant les atouts de chaque organisation et apportant les réponses adéquates aux difficultés identifiées dans une perspective d’amélioration et de progrès.
Aussi, les métiers de l’hôtellerie semblent de plus en plus compliqués pour les salariés. De ce fait, il est nécessaire et primordial que la reconnaissance soit au cœur des relations. Les managers doivent reconnaitre les efforts fournis et l’implication des équipes dans leur activité. La reconnaissance n’est pas seulement verbale, mais peut également être financière (primes par exemple). Accentuer la reconnaissance a plusieurs effets particulièrement positifs :
- Une amélioration de l’estime de soi des équipes. Outre le sentiment de bien-être au travail que la reconnaissance peut engendrer, elle permet d’augmenter l’estime de soi des salariés, et donc leur efficacité.
- Une confiance en la direction renforcée. La reconnaissance transmise aux salariés va également permettre de renforcer la confiance des équipes envers la direction. De ce fait, un véritable climat de confiance s’instaurera, ce qui contribuera au bien-être au travail des salariés.
Les leviers d’action du CSE pour faire face aux démissions dans l’hôtellerie
Le CSE dispose également de leviers d’action pour faire face aux démissions dans le secteur de l’hôtellerie-restauration :
- La réalisation d’une enquête pour identifier les limites dans les conditions de travail des salariés. L’objectif est alors de recueillir toutes les informations nécessaires (entretiens, questionnaires…) afin de mettre en place un plan d’action efficace pour réduire ou supprimer les contraintes pesant sur l’activité.
- La mise en place d’une expertise Risque Grave. Le CSE peut avoir recours à un expert pour mettre en place une expertise risque grave. Cela lui permettra d’avoir un regard neutre, extérieur et expert pour appréhender les difficultés rencontrées.
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