La première statistique enregistrant le taux de syndicalisation des travailleurs français (1) concerne l’année 1949. A 30,1%, le taux était probablement déjà en léger retrait par rapport aux années précédentes, les acquis du Front Populaire et les espoirs de la fin de la Seconde Guerre Mondiale.
En 1961, il s’établit à 18,1% ayant perdu 12 points dans les années 1950 et comme le graphique suivant l’illustre, remonte à 20% en 1969, accompagne la création du SMIC durant la première moitié de la décennie 1970 puis décline sous l’effet de la crise pétrolière ; une descente qui se poursuit durant les années Mitterand pour s’établir à 7,8% en 2004 sans enregistrer de grands écarts depuis cette date.
Les deux autres courbes représentent l’évolution du salaire moyen par tête (SMTP). Selon la définition de l’Insee, celui-ci est “est calculé en rapportant la masse salariale à l’effectif salarié en moyenne annuelle ; déflaté de l’indice des prix à la consommation. On parle de pouvoir d’achat du SMPT”.
Il s’agit de l’évolution annuelle du salaire moyen non liée à l’inflation ; les fameux “coups de pouce” du SMIC, les augmentations individuelles, etc.
La ligne rouge représente le SMTP net et la ligne verte, le SMTP “superbrut” incluant les cotisations sociales salariales et patronales, c’est-à-dire le coût direct du travail.
En toute logique, le SMTP net va illustrer l’effort des syndicats pour obtenir des augmentations des grilles de salaires dans les branches, la pression mise sur le gouvernement pour améliorer le SMIC ainsi que les efforts des salariés négociant directement avec leurs employeurs.
Cette courbe retrace également le pic des gains obtenus en 1968, la création du SMIC et son effet de “trappe à bas salaires”, l’effet négatif des “dévaluations compétitives” des années 1980 et l’effet des gains de productivité obtenus au début du siècle grâce aux 35 heures.
La courbe du “Superbrut”, tout en suivant les mêmes tendances, est moins accentuée que le “SMTP net”. Elle montre une variation maîtrisée par rapport au net, loin des “explosions de charges sociales” régulièrement évoquées par le camp patronal. Bien au contraire, dès 1998, son évolution est inférieure à celle du “SMPT net” grâce aux exonérations liées à la RTT. L’écart entre les deux indicateurs est imperceptible de 2002 à 2006 et en 2007, proche de 0, son évolution est inférieure à celle du net.
Ainsi, la masse servant à améliorer le pouvoir d’achat des salariés progressant peu (ou pas) par la voie de la négociation collective, elle est pour partie financée par l’état sous la pression des organisations patronales.
En conclusion, ce graphique indique le lien entre taux de syndicalisation et progression du pouvoir d’achat des salariés ; la situation ne saurait se redresser sans inverser la tendance.
Notes :
(1) Salariés des secteurs public et privé. De 1949 à 1993 inclus, il s’agit d’une estimation de l’INSEE, à partir du nombre de cotisations syndicales (en déduisant les 20 % de cotisations correspondant aux salariés en retraite) ; de 1996 à 2004 inclus, d’une estimation à partir de l’enquête permanente sur les conditions de vie des ménages.