Entre un taux de syndicalisation faible et un taux de participation aux élections professionnelles assez élevé ; les perturbations en cas de grève et la protection du Code du travail ; les salariés français assument leur relation ambiguë avec les syndicats dans ce sondage international de la CSI, version 2014, dont les résultats les montrent dans l’ensemble, plus pessimiste que le reste du monde…
72% des français estiment que leurs revenus ont diminué ces deux dernières années, 20% y voient une stagnation et seulement 7% une amélioration. 58% ne peuvent plus épargner et 7% n’ont plus assez d’argent pour couvrir leurs premières nécessités. 78% estiment que le salaire minimum ne permet plus de mener une vie décente. 44% ont une expérience personnelle de chômage plein ou partiel au cours des deux dernières années.
Voici le tableau brossé par les résultats d’un sondage mené pour la troisième année de suite, dans 14 pays (1) par la Confédération Syndicale Internationale (2). Constatant, entre autre, que « Plus d’une famille de travailleurs sur deux dans 14 pays, ce qui représente la moitié de la population mondiale, ne parvient pas à suivre la hausse du coût de la vie », le résumé formulé par la CSI est particulièrement intéressant. Mais pour rester en France…
76% pensent que la génération à venir ne trouvera pas un emploi décent contre 49% sur les 14 pays sondés. 79% pensent que le système économique favorise les riches et 93% ( !) l’estiment mauvaise en France (2). 92% pensent que les citoyens ordinaires n’ont passez d’influence dans les décisions économiques, 69% estimant que les entreprises ont un bon niveau ou trop d’influence (52%), un pourcentage contradictoirement inférieur à la moyenne des 14 pays (60%) mais globalement, tout le monde s’accorde à dire que les entreprises ont trop d’influence. 61% des salariés français estiment que l’on doit faire davantage pour maîtriser leur pouvoir. 82% pensent que l’action gouvernementale contre le chômage est mauvaise.
Au niveau international (14 pays), les salariés sont favorables ou plutôt favorables à :
- des lois qui protègent le droit de grève : 75%
- des lois qui protègent la santé et la sécurité des travailleurs : 97%
- des lois qui établissent et garantissent un salaire minimum décent pour les travailleurs : 94%
- des lois qui donnent aux travailleurs le droit de négocier collectivement : 89%
- des lois qui donnent aux travailleurs le droit de se syndiquer : 88%
- des allocations de chômage : 87%
- des pensions de retraite décentes : 95%
- des accès abordables aux soins de santé : 95%
- des accès abordables à l’éducation : 95%
- un soutien à l’indemnisation en cas de maternité : 89%.
54% des salariés au niveau mondial (14 pays) se déclarent favorable au respect des droits de la main d’œuvre tout au long de la chaîne de production mais l’estiment peu probable, 39% sont favorables et l’estiment probable, 7% sont opposés. En France, 64% l’estiment peu probable.
Mais…
Alors que 63% des salariés estiment que la présence d’un syndicat dans l’entreprise favorise de meilleurs salaires, conditions de travail et normes de sécurité, ce pourcentage tombe à 44% en France, moins d’un sur deux. A contrario, 63% des sondés estiment que les syndicats jouent un rôle actif dans la société, quand-même inférieure au taux mondial de 76%.
62% des salariés au niveau international attendent de leurs gouvernements de maîtriser le pouvoir des entreprises et de conserver davantage les bénéfices tirés des ressources naturelles, 73%. 79% veulent les voir réduire le fossé entre riches et pauvres, 82% les voir garantir des salaires équitables, 81% renforcer la sécurité de l’emploi et 60% définir des heures de travail raisonnables. 73% des sondés souhaitent des mesures pour limiter les effets de la pollution.
En conclusion, le pessimisme des salariés français ressort clairement de ce sondage. Il est téléchargeable en cliquant ici ou sur le site de la Confédération Syndicale Internationale.
Notes :
(1) Au cours du sondage, des adultes (d’au moins 18 ans) vivant en Afrique du Sud, en Allemagne, en Australie, en Belgique, au Brésil, au Canada, en Chine, aux États-Unis, en France, en Inde, en Italie, au Japon, au Royaume-Uni et en Russie ont été interrogés.
(3) Au Brésil, où nous avons pu voir les révoltes liées à la Coupe du Monde, ce taux est seulement de 45%.