Ou comment les représentants du personnel en négociant de meilleurs salaires contribuent à sauver la démocratie. A consommer sans modération…
Bien entendu, on ne parle pas des salaires individuels même si cela peut être le cas. On se réfère aux salaires moyens réels à l’échelle mondiale, c’est-à-dire l’évolution des salaires moyens corrigée de l’effet de l’inflation. Mesurés chaque année par l’Organisation Internationale du Travail (OIT), le rapport 2012/13 concernant les salaires 2011, est paru au printemps.
A part un léger décrochage en 2010, une stagnation de l’évolution des salaires est à observer depuis la crise de 2008. En neutralisant le poids de la Chine, le scénario est encore plus alarmant avec une progression globale proche de zéro sur 3 des 4 dernières années. Et les tendances 2012/2013 ne sont guère rassurantes.
L’explication offerte par l’OIT, une organisation intégrée aux Nations Unies rassemblant gouvernements, patronats et syndicats du monde entier, est une diminution de la part des salaires dans la redistribution des richesses des entreprises, même dans une Chine en pleine croissance.
Ainsi, les progrès réalisés en termes de gains de productivité sur la dernière décennie n’ont pas profité, à l’échelle planétaire, aux salariés mais aux actionnaires/financiers. Sur une base 100 en 1999, l’évolution des salaires moyens réels seraient de 8,5 points inférieure à celle des gains de productivité.
Dans le cas où les financiers refusent tout partage des richesses produites, ne créent pas d’emplois décents ou sabordent l’industrie locale, les salariés n’auront ni les ressources nécessaires ni l’envie d’acheter les produits et biens nécessaires à faire tourner l’économie.
Dans cette perspective, le fait pour un gouvernement de subventionner en faveur des actionnaires/financiers, le coût du travail en réduisant artificiellement les salaires, est un non-sens économique.
La diminution des revenus n’est pas seule en cause. Les changements technologiques, la mondialisation, le renforcement des marchés financiers et l’affaiblissement des institutions représentatives contribuent à la compression de la part du travail dans l’économie.
Les partenaires sociaux au niveau planétaire sont désormais d’accord : l’économie est au bord d’une récession mondiale et il est temps de mettre fin aux politiques d’austérité avant que la démocratie n’en souffre.
Dans ce contexte, il ne fait aucun doute que les syndicats sont pris pour cible. Les droits des travailleurs et de leurs organisations se contractent en même temps que les revenus. La version 2012 du Rapport Annuel sur les Violations des Droits Syndicaux publié par la Confédération Syndicale Internationale témoigne largement de cette évidence : les modèles de démocratie ne se trouvent pas dans les pays où les salaires sont au plus bas et les droits syndicaux inexistants.
Mieux on négocie (1), mieux l’économie et la société toute entière se portent.
(1) Nos experts peuvent vous aider à préparer vos NAO.