Technologie innovatrice pour les uns, destructrice d’emploi pour les autres, l’Intelligence artificielle s’accompagne de nombreux enjeux sociétaux et économiques. L’adoption de cette technologie soulève de nombreuses questions en suspens, en particulier en termes de transformations du monde du Travail.
Impact de l’IA et des nouvelles technologies dans les entreprises
Pour John McCarthy (informaticien et pionnier du domaine), l’intelligence artificielle est un programme cherchant à imiter l’intelligence humaine par le biais d’algorithmes de calcul. L’objectif affiché est de permettre aux ordinateurs de réaliser des opérations et de penser comme un être humain.
La réalisation, même partielle, de cet objectif constituera un défi majeur pour les modèles économiques de nos sociétés. En effet, il permet déjà aux entreprises de substituer l’intelligence artificielle aux ressources humaines, que ce soit dans les fonctions supports ou dans les activités principales de la chaine de valeur.
L’IA et la transformation des fonctions supports
Les fonctions dits « supports » en entreprise sont en passe d’être radicalement transformés.
Dans les métiers liés à la gestion administrative, l’IA permet :
- une automatisation des taches en réduisant la saisie de données et génère ainsi des gains de productivité accrue.
- Une facilitation de la prise de décision grâce aux données prédictives et aux outils de pilotage.
Dans les métiers de Ressources Humaines, les exemples d’utilisation sont nombreuses :
- Pour recruter, on constate un développement des systèmes automatique de suivi et de sélection des candidatures avec l’utilisation d’outils conversationnels et du machine Learning.
- Pour la gestion des emplois et des parcours professionnels (GEPP), l’IA se révèle être un outil précieux pour la création des descriptions de fiches de poste et le développement de plans de formation adaptés aux besoins des employés.
Dans les métiers de la comptabilité et de la finance connaissent également une révolution avec l’adoption de l’IA :
- L’automatisation des opérations transactionnelles. Exemple : la reconnaissance et le traitement automatiques des factures, des règlements, etc…
- Une automatisation et une amélioration des processus de prévisions budgétaires avec l’utilisation des outils de détections des tendances.
IA et fonctions opérationnelles
Les effets de l’IA touchent également les fonctions opérationnelles.
Pour les fonctions commerciales, parmi les apports de l’IA, on peut citer :
- L’amélioration de la connaissance des clients et la suggestion de recommandations commerciales pertinentes avec l’analyse croisée des données de ventes.
- La génération automatique de contenu multimédia en appui aux commerciaux.
Pour les fonctions logistiques, les exemples d’adoption sont maintenant légions :
- l’anticipation des comportements d’achat des consommateurs pour la gestion prévisionnelles des ventes
- L’automatisation des outils de gestion des stocks et des commandes.
- Le développement dans les entrepôts d’outils de « picking » piloter par l’IA pour assister les opérateurs
Pour les fonction industrielles et techniques, l’IA promet, par exemple, la révolution de la maintenance prédictive. Cette technologie a pour ambition :
- D’anticiper les défaillances de l’outil industriel
- Et de planifier les interventions afin de limiter les arrêts et réduire les coûts.
Les conséquences de l’IA sur l’emploi et les conditions de travail
A date, des effets sur l’emploi difficiles à estimer
L’IA bousculera probablement une grande partie des métiers dans leurs principales dimensions
- le niveau des besoins en main d’œuvre ou le volume global de l’emploi
- le contenu des métiers avec des effets sur la structure des emplois
- les qualifications requises.
Pour ce qui est du volume global de l’emploi, trois scénarios se dessinent à l’horizon.
- Le premier, plus alarmiste prévoit une réduction nette des emplois.
- Le scénario intermédiaire tend à l’équilibre. En effet, la création d’emploi générée par l’IA pourrait compenser stricto sensu, les suppressions réalisées dans certains secteurs.
- Enfin, le dernier scénario, plus optimiste, verrait une création d’emploi nette (destruction créatrice, Schumpeter).
L’IA impacterait également, la structure des emplois. Les emplois à faible valeur ajoutée sont voués à disparaitre. En effet, l’IA prendrait le relais en automatisant les tâches répétitives. Tandis que d’autres emplois sont destinés à être modifiés voire créés en intégrant l’IA de façon complémentaire.
Le niveau d’intégration de l’IA affecterait la qualification des travailleurs. Il deviendrait nécessaire d’avoir des compétences numériques pour maitriser les fonctions de l’IA. En conséquence, le processus d’automatisation de l’IA entrainerait une hausse des salaires pour les métiers non automatisés et une baisse pour ceux automatisés.
De plus, les inégalités salariales pourraient se creuser. Les employés ayant des compétences en IA constateraient une valorisation salariale au détriment des employés n’ayant aucune connaissance de l’IA. La mise en place de formation en interne voire étatique sera primordiale.
Les effets de l’IA sur les organisations et les conditions de travail
L’IA pourrait chambouler l’organisation du travail et faire émerger de nouvelles formes d’organisation, comme :
- des organisations augmentées où l’IA complèterait le travail du salarié et permettrait un focus sur les activités stratégiques et créatives
- les organisations distribuées où l’IA faciliterait le travail à distance, intégrant une organisation dispersée avec des nouvelles règles de coordination.
Par ailleurs, l’intensification du travail, déjà constatée, pourrait s’accentuer avec l’objectif de réduction au minimum des temps improductifs. En effet, des outils à base d’IA mal calibrés, pourraient imposer une cadence plus soutenue, exigeant des réactions immédiates.
Pour finir, l’IA pourrait largement remettre en cause le sens du travail pour le salarié en le dépossédant de son aspect humain pour en faire un rouage mécanique. Le libre-arbitre du travailleur pourrait être dépourvu. L’IA sera-t-elle au service de l’homme ou l’homme au service de l’IA ?
En conclusion, comme toute technologie, l’IA n’est à priori ni bonne ni mauvaise. Les conséquences de cette technologie dépendront des précautions et des conditions dans lesquels elle est mise en œuvre. Plutôt que d’en avoir peur, les représentants du personnel devraient l’anticiper. Ainsi, le sujet devrait être régulièrement aborder dans les différentes consultations et négociations adéquates :
- lors de la consultation sur les orientations stratégiques et ses effets sur l’emploi, analyser les investissements prévisionnels et leurs effets potentiels
- lors de la négociation des accords de gestion des emplois et des parcours professionnels, d’identifier les métiers susceptible de transformations à moyen terme et de concevoir les outils pour les accompagner.
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